Rien de spécial, juste deux petites choses que j'avais envie de dessiner !
jeudi 18 juillet 2013
vendredi 12 juillet 2013
Endormies
"Le vieil
Eguchi en était venu, dans cette maison, à penser que rien n'était plus
beau que le visage insensible d'une jeune femme endormie. N'était-ce pas
la suprême consolation que ce monde pouvait offrir ?"
Les belles endormies, Yasunari Kawabata
Les belles endormies, Yasunari Kawabata
samedi 6 juillet 2013
Protest
Sometimes we can protest without marching and chanting - just by sharing what we know and ignoring censorship.
mercredi 3 juillet 2013
Sous l'orage
Quand l'orage éclate, elle est à
mi-chemin ; elle marche sur la chaussée, un sac de livres à la
main ; aux premiers grondements, ses pieds dans ses ballerines
trop grandes se recroquevillent et son corps se tend, prêt à
repousser les gouttes de pluies. Elle soulève un peu sa jupe longue
pour pouvoir marcher plus vite : peur du rhume et de la foudre.
Elle compte les gouttes qui tombent sur sa peau – ronds glacés.
Immobile, elle se détend muscle après muscle. Elle s'imbibe d'eau
jusqu'à ne plus la craindre, jusqu'à tourner son visage vers le
ciel. Le monde entier appuie sur son corps – l'air moite, les
torrents d'eau, les arbres qui tonnent, les éclairs sur ses
paupières. Le parapluie est inutile face à la violence de l'orage.
Ses chaussures s'échappent et glissent dans le caniveau. Elle
referme son parapluie et s'accroupit dans l'eau, reprend ses
ballerines ; dans sa tête il n'y a plus rien, plus la douleur
de la rupture, plus la frustration de ne pas être entendue, plus la
sensation de ne pas avancer (mais qu'est-ce que cela peut bien
signifier, avancer?), simplement cette constatation : il pleut
et je suis sous la pluie. Il pleut et je suis la pluie. Entre cette
rue et sa maison il y a la forêt. La jeune fille se sent bien et à
l'abri, nue sous l'orage. Pour une fois elle n'est nulle part
ailleurs que dans son corps, les pieds nus dans l'eau avec les
cailloux qui piquent sous les pieds, là où la peau est tendre ;
pour une fois elle ne se sent pas étrangère à la terre, là
plantée dans la boue. Ça change des pavés durs et des passants
muets aux visages de pierre.
C'est la tête droite qu'elle
s'enfonce sur le chemin de béton défoncé, sur le chemin qui
devient terre et mousse, sous les arbres déchaînés. Ses chaussures
à la main elle sourit. Elle savoure le danger, elle attend le
foudroiement avec du désir dans le ventre, sa jupe lourde glisse de
ses hanches, ses livres sont bien à l'abri dans le sac plastique,
elle les serre fort dans ses bras contre sa poitrine, elle ruisselle
et ses oreilles sont saturées du bruit des éléments qui
s'entrechoquent, tant et si bien que tout s'arrête d'un coup, un
immense silence qui s'arrête à son corps, qui n'existe que pour
elle.
Figée sous un coin de forêt.
On pourrait croire qu'elle est folle
avec ses cheveux emmêlés noircis par la pluie et ses pieds nus dans
l'humus et les orties, mais quoi que les gens disent je ne suis pas
folle, seulement triste.
Inscription à :
Articles (Atom)